• ... l'épuisement professionnel

    On en parle beaucoup de façon générale, mais savoir en parler de façon précise et personnelle, c'est plus difficile. 

    Je n'ai pas beaucoup partagé mon travail depuis quelques mois car j'en suis là... 

    Je n'écris pas ici pour me plaindre, ni pour raconter ma vie, mais pour partager mon expérience, qui pourra peut-être servir à d'autres. 

    J'écris car c'est le moyen le plus fluide pour moi d'exprimer ma pensée et mes états d'âme. 

    Bien évidemment, rien ne vous oblige à me lire, il est encore temps d'aller voir ailleurs.

     

     

    Alors que je pensais me sentir relativement bien malgré l'ambiance morose et tendue qui règne ces derniers temps, voilà que je me prends de plein fouet un burn out. J'aurais dû le voir arriver avec ses gros sabots, mais j'ai fait l'autruche, car dans ce métier, il faut s'adapter, sans cesse, un vrai caméléon. Alors, je me suis adaptée, j'ai fait le dos rond, j'ai encaissé, j'ai dit oui, oui, oui... jusqu'au jour où j'ai dû écouter mon corps qui hurlait NON!

    Je ne fustige pas l'institution car je suis en partie responsable de ma façon de vivre les choses, de par ma personnalité, ma sensibilité et mon vécu. Néanmoins, il y a certains paramètres extérieurs dont il faut avoir conscience. 

    Le fonctionnement d'un dispositif Ulis est relativement récent (2016) et assez peu guidé, les termes "autant que de besoin" ne précisent pas les modalité d'accueil, mais induisent qu'il s'agisse de "cas par cas", ce qui évidemment est cohérent, mais peu cadrant. En effet, à moins d'avoir des directives plus précises des inspections, en général, on fait un peu à notre sauce, et surtout on fait comme on peut. Ce qui est peu pris en compte, je trouve, c'est le fait que ce dispositif soit partie intégrante du projet d'établissement, cela implique que tous les acteurs de cette communauté y prennent part. Or, le plus souvent, nous sommes seuls dans notre mission. C'est un poste unique dans l'établissement, et le fonctionnement est différent de celui d'une classe. Les collègues qui ne connaissent pas le fonctionnement ne se rendent pas compte de cette solitude, des casse-tête que l'on doit gérer, d'emploi du temps, de progressions individuelles, de prise en compte de chacun des projets. 

    La politique inclusive implique également que les enfants soient accueillis partout et par tous de façon adaptée. Or, les moyens ne nous en sont pas donnés. Je parle en terme de formation surtout. Elles existent, mais ne sont pas obligatoires. Comment imposer l'inclusion et ne pas imposer les conditions de sa mise en œuvre ? Je suis fatiguée de devoir me battre pour que les élèves soient considérés et que les adaptations nécessaires soient mises en place. J'entends bien que c'est difficile et que les classes sont chargées et que les profils d'élèves sont variés. C'est d'ailleurs bien la preuve que les moyens humains ne sont pas à la hauteur de l'ambition. 

    C'est un métier que j'aime, trop peut-être car je prends tellement à cœur les exigences qu'il impose, mais j'en arrive à douter d'y être à ma place. Je sais que j'y fais du bon travail et que j'y suis utile, c'est là mon carburant, mais à quel prix ??? 

    Bref, j'ai besoin de temps pour réfléchir à ce que je ferai d'ici les prochaines années, je devrai peut-être faire des choix. Je n'ai pas envie de quitter sans avoir essayé de faire avancer les choses car ce n'est pas dans ma nature. Et que j'estime que ce sont justement les gens de terrain qui peuvent faire évoluer le système, donc je n'envisage pas de démissionner, pas pour le moment. Je voudrais juste que l'institution soit plus bienveillante avec nous et que l'on tienne compte des besoins du terrain et des paradoxes de notre réalité.  

    Merci d'avoir lu jusqu'au bout. N'hésitez pas à partager votre expérience, nous nous sentirions peut-être moins seuls. 

    « Le loup qui n'aimait pas NoëlLa dictée Montessori »

  • Commentaires

    1
    mer
    Samedi 8 Janvier 2022 à 23:06

    Bon courage à toi et merci pour tous tes partages

     

      • Simon
        Lundi 10 Janvier 2022 à 21:59

        Bonjour,

        Je viens de lire votre témoignage qui m'a touché. Moi-même T2 suite à une reconversion, je suis très impressionné par les collègues qui travaillent sur tous ces postes de l'école inclusive (ulis, itep, segpa...), pour lesquels il faut effectivement savoir apprendre à cloisonner vie perso et pro pour ne pas se retrouver à bosser ou penser boulot H24.

        Bravo, et bon courage pour la suite !!!

      • Mardi 11 Janvier 2022 à 17:47

        Merci pour votre sollicitude. 

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    2
    Claire
    Mercredi 26 Octobre 2022 à 18:36

    Je découvre ton blog aujourd'hui et je lis ce post...

    Comme je te comprends! 10 ans en Clis-Ulis, au bout de 7 ans un gros gros burn out, que je n'arrivais pas à vraiment déterminer... Boulot? Uniquement? Prob perso?

    Bref, tout se mélangeait. Et puis un jour, un de trop, impossible de me lever, d'aller bosser. Arrêt, hospi... Prise de conscience, je ne suis plus à ma place, moi pour qui bosser avec des élèves en situation de handicap était une vocation. J'ai encore fait un an, en vivant sur mes acquis, le temps de prendre la décision et de participer au mouvement.

    Je suis aujourdh'ui en CP Ce1 et clairement, je revis. Je me rends compte que je peux etre utile ailleurs. Je retrouve le plaisir de travailler, de préparer, de comprendre aussi que certains élèves peuvent aussi être à l'aise dans leurs baskets et que l'apprentissage n'est pas une fatalité et un poids. Et cela aide bcp.
    Je retournerai sans doute un jour dans le spé. Mais je suis bien contente de prendre une bouffée d'air!
    J'espère que le changement se passe bien également pour toi.

      • Mercredi 26 Octobre 2022 à 21:13

        Merci pour ton témoignage Claire. 

        Cette 1ère période en rased s'est bien passée, je m'y plais bien. Ce changement était salutaire. 

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